top of page

Tarapoto 2ème semaine : Rencontres de rue

Lundi 17 octobre, de retour sur Tarapoto, de retour sur le chantier. Malheureusement, il n'y a toujours pas de bois, Theo et Hagler - l'ingénieur civil du projet - partent en scooter à la recherche d'un carpintero (charpentier), à la conquête de Tarapoto. Pour ça, ils procèdent à l'ancienne : ils vont voir le carpintero du quartier d'Hagler, qui n'est pas disponible et en indique un autre, qui n'a pas le matériel nécessaire et renvoie vers un autre… et ainsi de suite ils ont été voir 6 carpinteros, le dernier leur indiquant qu'il sera disponible le lendemain matin. Clarisse et moi attendons patiemment sur le chantier, nous partageons un moment rigolo avec l'abuelita (littéralement petite grand-mère) du village et les autres enfants. Les enfants ne sont pas à l'école car leurs professeurs font grève parce que l'État ne leur donne pas leur salaire...


Selfie avec l'abuelita


Ils reviennent avec le petit-dej : beurre, confiture, pain de maïs...


L'après-midi, nous partons visiter une fabrique de chocolat surtout pour goûter le susdit chocolat en fait.Et le soir on prend un verre avec Daniel (un des boulangers originaire de Cuzco), Marie-France, Carlos. Daniel a 16 ans, et il est parti de chez lui à 9 ans car son père le maltraitait. Il a ensuite vécu 2 ans dans la rue, chantant dans les bus et vendant des bracelets pour survivre. Il est ensuite allé à Qosko Maki, l’association d'une française qui loge la nuit les enfants des rues de Cuzco et leur offre l’opportunité d’apprendre le métier de boulanger ou de vendeur. C'est comme ça qu'il s'en est sorti et est devenu boulanger. Il nous raconte cette histoire sans tristesse car il est « content de ce qu'il a vécu, d'avoir connu les gens qu'il a rencontrés et d'avoir vu le regard des gens sur un enfant sans abri ». Cette histoire nous fait nous rendre compte de la dure réalité de certaines vies et de la force de cet enfant devenu homme.

À « Nuestro Bar » comme l'appellent Marie-France et Carlos, on a une vue sur tout un quartier de Tarapoto, la nuit c'est encore plus impressionnant grâce à toutes les lumières. Et c'est d'autant plus impressionnant lorsque d'un seul coup, toutes les lumières s'éteignent à cause d’une panne d’électricité (c’est assez fréquent par ici), on est plongé dans le noir complet, on se sent bien petits faces à cette obscurité profonde.


La bière au bar


Le lendemain, le carpintero n'étant toujours pas disponible, on décide d'aller aider à la boulangerie. C'est vraiment un chouette endroit, ça sent bon, il y a des croissants, des gâteaux, des crêpes, du jus d'orange frais, du vrai café et surtout du sirop à l'eau - ah oui parce que ça n'existe pas au Pérou, mais ils en raffolent, Marie-France demande toujours aux volontaires de ramener une ou deux bouteilles de France.

Ce midi-là, on voulait goûter le cochon d'Inde, un plat local assez cher par rapport aux menus de base. Et puis pour la petite anecdote ça se dit cuy, prononcé couille. C'est assez bon, ça a goût de poulet mais en plus tendre.



Le cuy


On y est allé avec Clarisse, Théo, José, Carlos, Marie-France et un invité surprise, un petit garçon d'environ 6 ans qui vit la journée dans la rue et que sa grand-mère récupère le soir pour le coucher. C'est une famille avec très peu d'argent. En général, la journée il traîne et ne mange pas. Vous vous demandez pourquoi il ne va pas à l'école, tout simplement parce qu'il n'a pas de papiers, il n'a pas d'acte de naissance, en d'autres termes, aux yeux de la loi, il n'existe pas... Bref, on l'emmène avec nous, au début il refuse de manger mais se met ensuite à dévorer comme s'il n'avait pas mangé depuis une semaine, à tel point qu'en rentrant à la boulangerie, dans le taxi-moto, il s'est endormi alors qu'il était encore en train de manger, un os de cochon d'Inde dans la bouche !




L’enfant qui n’existe pas


Le mercredi, le charpentier était enfin là, on a pu commencer à poncer les poutres qui serviront à l'armature du premier bungalow, tous les enfants sont venus nous aider. Ils étaient presque tous au bidonville car une partie ne va pas à l’école faute de moyens et l'autre n'y allait pas en ce moment car les profs font grève, ce qui est compréhensible car l’état ne les paye plus !


La traversée du fleuve pour accéder au terrain




Ponçage avec les enfants et notamment Kaendra et Aleco


Ce midi, on mange chez une famille du village dans une maison très sommaire : quelques poutres soutiennent un toit de tôle, des grandes affiches publicitaires de plastique font office de murs pour séparer les parties de la maison, et le sol est de terre. Des poules vivent dans la maison et on apprend à connaître mieux le petit Hans au sourire éclatant et sa famille, plus timide.



Hans et sa maison


On passe ensuite un petit moment de la pause du midi à se baigner dans la rivière avec les enfants. Ils sont vraiment géniaux, on s'amuse avec eux dans l'eau avant de retourner au travail.


Kaendra, Théo, Taylor et Aleco après un tour à la rivière


Avec Clarisse, on a passé la soirée avec les artisans et les artistes du coin : quelques péruviens, argentins, colombiens, français, un joli mélange. La richesse des gens et de leurs personnalités est incroyable.


Le talent des artistes !


Le jeudi, on avait décidé de préparer un dîner français, au menu : tarte à la tomate, blanquette de veau et gâteau au chocolat. Bon en faite on n'est pas en France donc impossible de trouver du veau, ce sera une blanquette de bœuf. Nous voilà en cuisine et on prépare tout avec amour. L'apéro commence, c'est sympa, tout le monde s'y donne à cœur joie puis après notre petite tarte, nos invités qui sont aussi nos hôtes en faite nous disent : venez on va boire un coup ailleurs, c'est l'anniversaire de mon neveu blablabla. Alors nous voilà partis au beau milieu du repas. Du coup, la blanquette était très bonne mais le riz un peu trop cuit, mais bon c'est pas grave, on s'est quand même bien amusé.


A la recherche de notre veau, même à l’arrière des taxi motos


L’apéro du dîner


Pour l'anecdote, le neveu a eu un gâteau en forme de terrain de football, avec un ballon de foot dessus ( les péruviens adoooorent décorer les gâteaux ). C'était un moment très émouvant car très intime dans cette famille que nous connaissons depuis à peine plus de 10 jours. Autre anecdote, la soupe qu'ils ont préparée était pour une trentaine de personnes et ils n'ont fait qu'une marmite ! C'est une marmite de druide dans laquelle on pourrait rentrer facilement accroupi !



Roberto et Alisson, un péruvien et une française que nous avons rencontrés à Tarapoto nous ont invité le vendredi soir à dîner, ils étaient logés chez un ami à eux qui, à l'intérieur de son appart a une piscine. Mais ici, ils n'ont pas de l'eau toute la journée, entre 8 heures et 20 heures, aucune goutte ne sort des robinets... (C'est pas très pratique pour les toilettes.)

Le matin même, Roberto, Alisson et Clarisse étaient passés au marché demander aux petits vendeurs s'ils n'avaient pas quelques fruits et légumes à leur offrir.


Les fruits et légumes récoltés au marché


On a trouvé ça assez osé et on s'est alors demandé si notre manière de voyager s’assimile à ce genre de pratique. Cependant, faire du stop est pour nous un moyen écologique de se déplacer, ne créant pas de nouveaux déplacements de voiture, une façon de voyager n'obligeant personne à s’arrêter et ne créant pas de coût supplémentaire pour les conducteurs, et surtout un moyen d'entrer en contact avec de nombreux péruviens de tous horizons, nous permettant de découvrir vraiment la culture péruvienne à fond et jusqu’aux sujets les plus sensibles comme la politique ou la religion. En effet, les gens savent qu'ils ne sont avec nous que pour une durée limitée et n’hésitent donc pas à aborder ces sujets et nous dire le fond de leur pensée. Puis on est bien décidé à rendre la pareille à tout ce que nous offre ce monde !


Nos amis Alisson et Roberto interprétant La Bohème

Ce samedi, on va faire un tour au marché de Tarapoto pour acheter nos hamacs, qui nous seront utiles par la suite pour aller à Iquitos en bateau. On retourne apprendre à jongler avec notre ami sur la place et il nous montre un de ces numéros : il pose un cylindre sur un tabouret, sur lequel il met une planche de skate à l'envers puis monte là haut pour jongler tranquillement ! On a encore un peu de chemin je crois ! On va ensuite avec Roberto, Alisson et Clarisse dans un petit bar où chaque shooter est fait à base de plantes de l'amazonie et a donc des effets curatifs notamment l'eucalyptus pour les bronches. Puis on rejoint des artisans et des voyageurs notamment une colombienne qui danse incroyablement bien la salsa et essaie de nous apprendre quelques pas. C’est pas très concluant mais on se donne à fond avec cette prof vraiment impressionnante ! Elle nous avoue ensuite qu'elle vient d'un village colombien où « La salsa est un peu comme une religion ». Ceci explique cela ! Son copain est joueur de djembé et accompagne toutes les musiques qui passent dans le bar à la perfection, c'est vraiment fou !

On part le dimanche matin avec Alisson, Roberto et Clarisse pour aller se baigner dans une rivière et voir des cascades à San Antonio. Alisson et Roberto voyagent eux aussi pas mal en stop, du coup on part tous les 5… en stop ! On monte d'abord dans une remorque tractée par une moto, puis à l’arrière d’un pickup, puis d'un autre, et hop en 1 h on se retrouve à la rivière désirée !


Les 5 autostoppeurs à l'arrière d'un pick up

Les paysages traversés avec vue sur Tarapoto


On se baigne une petite heure dans le courant, accrochés aux rochers comme des herbes, puis on décide d'aller manger. Pour le déjeuner, nous avons demandé un repas classique, mais sans viande. N'en ayant pas besoin tous les jours, ne pas consommer de viande coûte moins cher, diminue notre empreinte écologique, notamment au vu du nombre d’élevages sur des terrains déboisés de la forêt amazonienne et évite des problèmes de santé comme le cholestérol.



La rivière


On va ensuite à une autre partie de la rivière plus intime, on se pose et on discute, notamment avec Roberto, qui a arrêté l’école à 13 ans car ça ne l’intéressait plus. Il a ensuite appris à jouer de la guitare et fait maintenant la tournée des restaurants pour gagner de l’argent. Pour lui, l’école ne sert à rien et ne fait qu'inhiber notre créativité et nous oblige à faire et apprendre des choses dont nous n’avons pas envie. Il pense que les enfants devraient apprendre à lire et écrire quand ils en ont l'envie pour que ce soit plus efficace et qu'ils puissent se consacrer à d’autres apprentissages comme l’utilité médicinale des plantes, les arts etc… C'est un point de vue intéressant qui va dans le sens où l’école est largement améliorable, mais je ne pense pas que son idée soit meilleure et qu'il faille laisser les enfants juger de ce qu’ils veulent apprendre. Puis, on revient en stop à l’arrière d’un pick up assez facilement aussi.



Quelques photos avec nos amis en cette belle journée


En rentrant, on se pose sur le toit admirer les couleurs du ciel au coucher de soleil et les discussions reprennent de plus belle, mais cette fois sur les croyances et religions et notamment sur le fait qu'il n'y aurait pas de vérités universelles mais que chacun détient sa propre vérité à travers ses croyances.

Ainsi s'acheva notre week-end avec en prime un petit massage collectif sur le toît.


Massage collectif


Posts à l'affiche
Posts Récents
Archives
Rechercher par Tags
Pas encore de mots-clés.
Retrouvez-nous
  • Facebook Basic Square
  • Twitter Basic Square
  • Google+ Basic Square
bottom of page